Les Etats-Unis se sont efforcés jeudi d'exercer une pression maximale sur le Venezuela et son dirigeant Nicolas Maduro, accusé de narcotrafic, au lendemain de la saisie spectaculaire d'un pétrolier au large des côtes de ce pays, qui sera amené vers un port américain.
Résumant la stratégie américaine, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré à la presse que le président Donald Trump n'entendait pas "rester les bras croisés à regarder des navires sanctionnés naviguer sur les mers avec du pétrole provenant du marché noir, dont les profits alimenteront le narcoterrorisme de régimes voyous et illégitimes".
Elle a précisé que le navire, saisi mercredi au large des côtes vénézuéliennes, serait dirigé vers un port américain et les Etats-Unis avaient "l'intention d'en saisir le pétrole", reconnaissant cependant que cela posait des questions légales.
En parallèle, le Trésor américain a annoncé de nouvelles sanctions contre Caracas visant des neveux du président vénézuélien, ainsi que six navires transportant du pétrole produit dans le pays.
La saisie du navire par les forces américaines fait craindre une escalade dans la crise avec le Venezuela, alors que le président Trump a aussi menacé il y a quelques semaines de mener des opérations au sol.
Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes depuis cet été, et mené une série de frappes visant des embarcations suspectées de narcotrafic en provenance du Venezuela.
Mais c'est la première fois que le président Trump ordonne la saisie d'un pétrolier, visant à priver Caracas de sa principale source de revenus.
Devant une commission parlementaire, la ministre américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a déclaré jeudi que la saisie visait le "régime" de Nicolas Maduro, que Washington accuse d'être à la tête d'un vaste réseau de trafic de drogue.
- La voix de Moscou -
Cette opération visait à riposter "contre un régime qui inonde systématiquement notre pays de drogues mortelles", a affirmé Mme Noem.
Le gouvernement vénézuélien a dénoncé "un acte de piraterie internationale". Son allié cubain lui a exprimé "son soutien absolu".
La Russie s'en est aussi mêlée, disant apporter son soutien au dirigeant vénézuélien.
Lors d'un échange téléphonique avec M. Maduro, le président russe, Vladimir Poutine, lui "a exprimé sa solidarité" et a "confirmé son soutien" à sa politique "visant à protéger ses intérêts nationaux et sa souveraineté dans un contexte de pressions extérieures croissantes", a expliqué le Kremlin dans un communiqué, sans faire directement mention des Etats-Unis.
Interrogée sur cet échange, la porte-parole de la Maison Blanche a répondu, qu'à son avis, cela n'était pas de nature à "préoccuper" le président américain.
"Inquiet" de ces nouvelles tensions, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a pour sa part appelé à éviter toute action pouvant "déstabiliser le Venezuela et la région", selon l'un de ses porte-parole.
Nicolas Maduro dément vertement les accusations américaines et estime que l'administration Trump cherche à le renverser. Il a "exigé" mercredi "la fin de l'ingérence illégale et brutale" des Etats-Unis.
- "Changement de régime" -
Selon les experts, le Venezuela n'est pas la principale source des drogues entrant aux Etats-Unis.
La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, avait publié la veille sur son compte X une vidéo de 45 secondes montrant l'assaut de soldats américains armés débarquant sur le pont d'un navire depuis un hélicoptère.
L'opération a été menée par les garde-côtes américains dans le cadre des sanctions unilatérales imposées par les Etats-Unis au Venezuela. Le navire en question a été sanctionné par le Trésor américain en 2022 pour des liens présumés avec le Corps des gardiens de la révolution islamique iranien et le Hezbollah.
Selon des responsables américains, il transportait du pétrole en provenance du Venezuela et de l'Iran, à destination de Cuba.
Le bateau naviguait jeudi à 10H00 GMT dans les Caraïbes, à environ 60 kilomètres au large de Saint-Vincent-et-Grenadines, dans les eaux internationales, selon les données de VesselFinder et de Bloomberg. Il faisait route vers le nord depuis mercredi soir.
L'opposition démocrate s'est aussitôt inquiétée de cette escalade et des intentions réelles du président Trump.
"S'il s'agit d'un changement de régime, cela n'a jamais bien fonctionné pour nous", a déclaré à des journalistes le sénateur démocrate Mark Kelly, citant des ingérences américaines par le passé du Vietnam à l'Irak, en passant par Cuba.
V.Handa--BD