Les Etats-Unis ont "besoin" du Groenland, martèle Trump malgré l'opposition de l'Europe / Photo: ANDREW CABALLERO-REYNOLDS - AFP
Les Etats-Unis ont "besoin" du Groenland pour assurer leur sécurité face à la Chine et à la Russie, a martelé lundi Donald Trump malgré l'opposition des pays de l'UE à toute mainmise américaine sur ce territoire danois.
"Nous avons besoin du Groenland pour notre sécurité nationale", a déclaré le président américain lors d'une intervention aux côtés du ministre de la Défense, Pete Hegseth, à Palm Beach en Floride.
"Si on regarde les côtes du Groenland, il y a des bateaux russes et chinois partout. Nous en avons besoin pour notre sécurité nationale", a-t-il insisté, soulignant que les Groenlandais "ne sont pas protégés militairement" par Copenhague.
Ces propos interviennent après l'annonce par le chef d'Etat américain de la nomination d'un envoyé spécial pour ce vaste territoire autonome danois qu'il menace régulièrement d'annexer.
Cette nomination a provoqué une vive réaction de Copenhague et de l'Union européenne, qui a exprimé lundi sa "pleine solidarité avec le Danemark".
Le Premier ministre du Groenland, Jens-Frederik Nielsen, et la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, ont rappelé dans une déclaration que "les frontières nationales et la souveraineté des Etats sont fondées sur le droit international".
"On ne peut pas annexer un autre pays. Pas même en invoquant la sécurité internationale", ont souligné les deux dirigeants, ajoutant attendre "le respect de notre intégrité territoriale commune".
Copenhague a convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis. "Nous avons tracé très clairement une ligne rouge", a indiqué le ministre danois des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen.
"Tant que nous avons un royaume au Danemark qui se compose du Danemark, des Îles Féroé et du Groenland, nous ne pouvons pas accepter que certains sapent notre souveraineté", a-t-il prévenu à la télévision publique DR.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Antonio Costa, ont eux rappelé sur X que "l'intégrité territoriale et la souveraineté sont des principes fondamentaux du droit international".
M. Trump a annoncé dimanche la nomination du gouverneur de Louisiane, le républicain Jeff Landry, au poste d'envoyé spécial des Etats-Unis au Groenland.
"Jeff comprend à quel point le Groenland est essentiel à notre sécurité nationale et il défendra avec force les intérêts de notre pays", avait-t-il souligné sur son réseau Truth Social.
Après son élection, Donald Trump avait déjà expliqué avoir "besoin" du Groenland pour la sécurité des Etats-Unis.
- "Formidable" pour le Groenland -
Jeff Landry a remercié M. Trump sur X pour cette mission visant à "faire du Groenland une partie des Etats-Unis".
Il avait déjà salué en début d'année l'intention du président américain d'annexer le Groenland. "Nous devons faire en sorte que le Groenland rejoigne les Etats-Unis. Ce serait formidable pour lui, formidable pour nous! Faisons-le!", avait-il écrit sur X le 10 janvier.
Le Groenland, une immense île arctique peuplée de 57.000 habitants, répète ne pas être à vendre et vouloir décider seul de son avenir.
En janvier, 85% des Groenlandais s'étaient dits opposés à une future appartenance aux Etats-Unis, selon un sondage publié dans le quotidien groenlandais Sermitsiaq. Seuls 6% y étaient favorables.
Fin mars, le vice-président américain, JD Vance, avait provoqué un tollé en prévoyant de se rendre sur le territoire sans y avoir été invité.
Face à l'ire déclenchée au Groenland, au Danemark et à travers l'Europe, il avait limité son déplacement à la base aérienne américaine de Pituffik, la plus septentrionale des Etats-Unis.
Il avait profité de son séjour pour critiquer l'inaction supposée du Danemark au Groenland.
Fin août, la télévision danoise avait révélé qu'au moins trois Américains liés à Donald Trump avaient réalisé des opérations d'influence dans ce territoire polaire.
V.Handa--BD